La Chandelle d’Arras (Résumé)
Poème en XVIII chants
Par
l’abbé H.-J. Dulaurens
(1765)
Résumé
d’après l’édition de Paris, 1807.
Résumé
de La Chandelle d’Arras
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Résumé
de La Chandelle d’Arras
Jean
et Jérôme, vieux amis et musiciens ambulants, se querellent. L’échauffourée,
qui ameute tout Arras, tourne au drame : Jérôme, à l’hôpital, se
fait émasculer par un vilain chien. Dès lors, une Chandelle miraculeuse
surgit du cerveau de la victime puis va apparaître sur Arras, portée par les
mains de Marie. Cette chandelle a le pouvoir de guérir toute personne malade
d’excès charnels.
(Note : La légende d’une chandelle miraculeuse à Arras est
avérée, mais pas pour les mêmes raisons.)
Chant
premier :
Querelle
de Jean et de Jérôme – leur combat.
Dans le pays d’Artois,
vivent deux amis fidèles, joueurs de violon associés : Jérôme
Nulsifrote (séducteur émérite) et Jean La terreur (au nez d’un pied de
long). Au hasard des chemins, le chant d’un coucou inspire à Jérôme
quelque allusion gaillarde à propos des infidélités de “Nannon”
(Annette), l’épouse de Jean. Celle-ci s’attarderait avec les Prêtres du
voisinage ? Il n’en faut pas plus à Jean pour répliquer d’une pluie
de horions : la bagarre fait rage. Le Ciel s’en mêle par l’éclat d’une
tempête qui, malgré la foudre tombant à leurs côtés, ne parvient à
séparer les deux amis. Lorsque les gens d’Arras, alertés, accourent sur
les lieux, les deux hommes sont épuisés. On les porte à l’hôpital,
Annette pleurant alors au chevet de Jean.
Chant
II :
Le
Diable habillé en Ermite descend à l’Hôpital – excite Nulsifrote
à la vengeance.
Le Diable,
aux célèbres forfaits dont est jonchée l’histoire chrétienne, fustigeant
les doctes sommités religieuses, conte son histoire d’ange déchu à une
nommée Agnès. Vêtu en moine, décidé à la repentance, il rencontre Marie
qui le guide vers l’hôpital afin de ranimer la vengeance dans l’esprit
endormi de Jérôme. Les phrases « vengez-vous comme doit un Chrétien ;
/ Suivez le Ciel ; le Ciel se venge bien. / C’est un plaisir de punir
l’insolence » réveillent alors un Jérôme guidé par les bénédictions
de ce Diable dissimulé sous l’habit monacal.
Chant
III :
Nouveau
combat de Jean et de Jérôme
– le pansement du blessé – son trépan.
À l’hôpital,
trois chiens détestables nommés Pif, Pouf et Paf montent la garde. Jérôme,
sans sommeil et sans habit, n’hésite pas à sauter du lit et à s’en
prendre de nouveau à Jean. Une pluie de coup ensanglante d’abord le faciès
du pauvre Jean qui parvient à répliquer. La bagarre fait alors rage à coups
de figurines sacrées, tout l’hôpital croyant à un tremblement de terre.
Les trois chiens s’en mêlent ; l’un d’eux émascule Jérôme. Les
nonnes accourent et constatent le désastre : « O Ciel ! mes Sœurs,
les sources de la joie / N’existent plus ! Jésus ! il n’a plus
rien ! / Ce châtiment sans doute est pour son bien : / Il baisait
trop : mais que dira sa femme ? » Et les Sœurs de se lamenter
sur leur propre sort : « De ce fléau, Ciel, préserve nos
grilles ! / Que ferions-nous ? » En voulant le soigner avec un
Clystère, la Mère Apothicaire blesse le souffrant à la tête, ce qui vaut l’intervention
d’un éminent docteur. Cependant, à la trépanation, une Chandelle surgit
de la plaie et s’élance dans les airs à la stupéfaction générale.
Chant
IV :
Héloïse
vient consoler Jeanne – Jeanne court à l’Hôpital – Combat de Jeanne et
d’Annette.
Dans un
lyrisme où interviennent Phlégéton, Septentrion, la Renommée, Artémis,
etc. Héloïse elle-même (l’épouse d’Abélard) apparaît au chevet de
Jeanne et l’informe du malheur subi par son époux Jérôme. Jeanne se précipite
à l’hôpital, pleure dans les bras de Nulsifrote, lorsque survient Annette.
Courroucée, Jeanne se précipite sur l’épouse ennemie et déclenche les
hostilités. Les sœurs de l’hôpital se précipitent sur place mais
n’obtiennent qu’invectives à leurs supplications. Le Père directeur
accourt. Heureux confesseur de ces « trente chastes Amantes » dont
il aurait maintes fois abusé, il n’obtient la paix que par le camouflet que
lui inflige Jeanne en dénonçant de façon indécente les excès dont il
serait l’auteur
Chant
V :
Description
du Ciel – Marie envoie S. Dunstan chez La Terreur.
Il fut un temps
où le monarque britannique Dunstan, selon la légende, menait le diable par
le nez avec des pinces. Dans un tableau très raphaëlien, est décrite la
Vierge Marie entourée de séraphins et chérubins, d’Ignace, de saint
Dominique, saint Antoine, saint Roch et autres anges ou figures historiques de
la religion. Chacun dans la place semble conter son histoire. Sur les conseils
de Gabriel, Marie envoie le roi Dunstan sur terre en vue de mener La Terreur
au Purgatoire. Monté sur le cochon de saint Antoine, Dunstan parcours l’histoire
et le paysage anglais, avant de descendre à l’Hôpital où il s’empare de
Jean par les naseaux et l’emporte.
Chant
VI :
Jean
passe du Purgatoire dans l’Enfer – Adam Lui conte son Histoire.
Dans les
feux du Purgatoire, l’on assiste aux tortures imaginées par les moines de
Cluny (inventeurs du Purgatoire), tortures parmi lesquelles les chambrières
des pasteurs subissent les tracasseries que l’on devine, tant « Le
purgatoire entretient leur chaleur ». Jean s’émeut de tant
d’horreur et met d’abord en doute l’intégrité de Dieu. Puis il se
reprend et pense que le Purgatoire n’est fait que pour les célibataires,
ceux qui ne procréent pas. En Enfer, il rencontre Adam qui lui conte la création
burlesque de la femme, au caractère orgueilleux, baptisée Virago. Le serpent
qui causa leur perte était alors hautement révélateur de luxure, ce qui
offensa Dieu. Toutefois, Ève quitta le jardin sans remords, lui préférant
et le droit à l’amour et le droit à la concupiscence.
Chant
VII :
Jean
s’entretient avec Jacob et Moïse.
Plus loin, Jean
apprend de Jacob comment ce dernier fut dupe de son oncle qui, la nuit, amena
dans sa couche sa fille aînée à la place de la cadette. Après réparation,
Jacob eut quatre enfants, ce qui l’inclina à tricher pour obtenir de son
oncle davantage d’agneaux que convenu. Jacob fut alors chassé. Jean
découvre ensuite Moïse qui lui conte son histoire : aidé des nymphes,
l’enfant Moïse dérivant dans son berceau abandonné fut adopté par la
princesse Égyptienne Naïs avant d’aller sciemment garder les troupeaux de
Jéthro. Lorsqu’il reçut les commandements d’un dieu particulièrement
haineux et belliqueux, le prophète fut investi d’un pouvoir despotique qu’il
dépeint en termes crûs : « En vrai tyran je régnai sur mes
frères. »
Chant
VIII :
Histoire
de l’innocent Joseph.
A l’instar des
antiques Romains, chacun se targue de vertu ; Joseph en eut l’auréole
par « La chasteté, la couronne du sot ». Réduit à
l’esclavage, Joseph fut remarqué pour la longueur de son nez. Sa matrone Élise,
découvrant la niaiserie et le pucelage de Joseph, veut en profiter mais
Joseph se dérobe. La dame crie alors au viol et Joseph est jeté en prison.
Dans son tombeau, l’amiral Bing attend son supplice en faisant de mauvais rêves où se goinfrent des femmes de mauvaise vie. Ramponeau, qui lui tient compagnie, déçu de n’avoir point de femme, attend son sort pour avoir osé dans son tripot prétendre changer l’eau en vin. Or ce rêve, selon Joseph, devrait plaire à Dieu ; Joseph alors souhaite que d’autres rêves ouvrent l’esprit du roi qui l’avait fait emprisonner. Il pourrait ainsi devenir, pourquoi pas, « le second de l’État ».
Chant
IX :
Histoire
de Fanchon – Jean veut jouir de ses faveurs – Châtiment du Ciel –
Apparition de L’Ange Gabriel.
Après
Joseph, Jean rencontre Fanchon, qui fut ravaudeuse notoire et fille de
maquerelle. Par temps de disette, sa mère l’envoya à quinze ans charmer le
vieux et généreux Cassandre. Ce dernier offrit des noisettes à l’enfant
qui revint le soir, sur ordre de sa mère, se glisser dans le lit du
vieillard. Cassandre, après quelques essais infructueux, retrouva une
jeunesse qui lui coûta la vie. L’histoire inspire Jean qui s’éprend de
Fanchon et l’attire à l’écart. Fanchon, faussement, lui résiste mais à
son déshabillage “forcé” apparaît en l’anatomie de Jean une chandelle
« au lieu d’un peigne » ; Fanchon en est courroucée, Jean
est effondré. Dunstan se réveille alors et crie au miracle, d’autant que
s’interpose l’ange Gabriel. La main de Dieu aurait donc interdit le péché
de Jean que Gabriel rappelle à l’ordre en exigeant que Dunstan conduisît
le fautif chez saint Patrice. Jean est ainsi libéré de la Chandelle que
l’ange emporte vers les cieux ; il remercie le seigneur de l’avoir préservé
d’un adultère.
Chant
X :
S.
Dunstan conduit Jean au Purgatoire de S. Patrice – Leur passage à Paris.
Dunstan mène
Jean au-dessus de l’Italie, de la Suisse puis du Louvre d’où rayonnent
les succès de l’art français. Rayonnent également les figures littéraires
de Paris dans une énumération critique (Chaumeix, Fréron, Rosbac, Palissot,
etc.) ainsi que diverses personnalités. « [H]onteux d’avoir perdu son
tems / A contempler tant de sots personnages, » Dunstan quitte Paris
pour une caverne d’Albion où séjourne saint Patrice. Le prêtre, tout
d’abord, ne reconnaît pas Jean qui doit se présenter ; il le prend
pour un académicien. C’est alors qu’il lui dit : « Ta haine
injuste a fait pleurer Marie » avant de prédire de grands malheurs sur
Arras puis d’exorciser le pauvre Jean qui gagne sa place au Paradis.
Chant
XI :
Dunstan
et Jean retournent à Arras – Un orage les surprend au-dessus de l’Abbaye
d’Avennes – Accident qui arrive à Jean – Les suites de ces Malheurs.
Le
poète évoque les traîtres amours de Jean et Lise. Alors qu’il croyait
d’innocence « trouver un pucelage », l’amant en fut quitte
pour une blennorragie, comme si les amours étaient souvent semés d’embûches.
En témoigne l’aventure qui suit :
Toujours mené par la pincette de Dunstan monté sur son cochon, Jean aperçoit la terrible tour de Douai que personnifie la sévère Rhadamanthe, annonciatrice de malheurs. Un orage éclate alors qu’ils volent au-dessus d’un couvent. La foudre sépare les deux personnages mais Dunstan rattrape Jean de sa pince et malencontreusement « Tout rasibus lui coupe l’instrument ». C’est dans le corset de la jeune sœur Suzon qu’atterrit et s’infiltre la chose inespérée. Suzon, qui croit au miracle, alerte le couvent de ses cris. Trente consœurs affolées interviennent, voient l’objet jaillir du corsage, voltiger et venir combler chacune tour à tour. « Anéanti d’un si rude travail, » l’instrument tombe au sol et se fait enlever par un chat à l’affût qui, poursuivi par sœur Nicolas, laisse échapper son butin au cœur d’une halle. « Mainte Poissarde accourt à cet objet : » les plaisanteries fusent et les comparaisons abondent, lorsque « Mère Fanchon, putain et bouquetière, » exige la propriété de l’objet perdu. S’en suit une bagarre de commères où « Vingt polissons à leurs coups applaudissent ». L’objet semble perdu.
Chant
XII :
Une
maladie épidémique attaque l’Artois – La Vierge une Chandelle à la
main, va trouver La Terreur – Réconciliation de Jean et de Jérôme.
L’orage
redouble et la mort semble étendre sa faux sur l’Artois, punissant
l’amour par l’épidémie du feu, lorsque Marie apparaît, munie d’une
chandelle et descendant chez Jean. Marie vient prodiguer ses bontés, malgré
l’ingratitude qu’elle reproche à Jean. Si ce pénitent fait remplir
d’eau vingt ou trente bassins et y coule quelques gouttes de suif de la
chandelle, « Ceux qui boiront de cette eau saintement, / Des feux ardens
guériront au moment. » Puis la Vierge envoie Jean annoncer sa venue au
prélat Lambert.
Se réveillant soudain, Jean rejoint son compère Nulsifrote avec lequel il se réconcilie chaleureusement. Oubliant leur chicane, les deux hommes se réconcilient au premier tripot en une mémorable beuverie qu’ils font durer jusqu’au matin. Inquiets toutefois d’avoir à se rendre chez Lambert, ils se rassurent tout en trinquant par un portrait satirique des prélats, hommes vaniteux. Le poète en appelle à la sanction de Marie mais il ne peut que voir les deux oublieux « Par des remords expier leur offense, / Et [l]’attendrir par leurs sensibles pleurs » ; lorsqu’ils vont trouver Lambert, Jésus veille déjà sur eux.
Chant
XIII :
Jean
et Jérôme vont trouver l’Evêque Lambert – Réception que leur fait le
Prélat.
Les deux
compagnons se rendent chez l’évêque que le poète estime peu, « Car
la fierté, l’insolence et la gloire, / Sont aujourd’hui les talens des Prélats ;
/ Par eux Lambert fut connu dans Arras. » La citadelle est connu pour
ses stationnements de soldats qui enflamment le cœur des filles. Lambert,
austère personnage haïssant la danse, s’insurge en un rêve prémonitoire
contre ses deux visiteurs annoncés dont les métiers de musiciens offensent
la religion. Jean et Jérôme frappent à la porte du palais dont ils achètent
l’ouverture en soudoyant le garde suisse de quelque bouteille. Au prélat à
peine réveillé, ils annoncent la venue de la Vierge et de sa chandelle qui
doit délivrer Arras : le prélat les jette dehors, terrorisant un Jérôme
pris sur le moment d’une peur incontinente.
Chant
XIV :
Saint
Vaast, à cheval sur Jean-Jacques, va trouver l’Evêque Lambert – Marie
descend du Ciel avec la Chandelle d’Arras.
De
nombreux saints ayant un animal favori, saint Vaast ému par les déboires de
nos deux incompris vole à leur secours en prenant au passage pour monture
Jean-Jacques, un Genevois qui « Parmi les Ours, ses compagnons chéris,
/ A quatre pieds marchait ainsi qu’un âne » (Voulant vanter Héloïse,
Jean-Jacques est vivement sermonné). Les deux personnages apparaissent à
Lambert : saint Vaast, qui lui présente sa monture qualifiée de
« bête sauvage », « enfant du docteur Robinson »
auquel les sommités n’ont su répondre, demande à Lambert d’être plus
sage et de croire en la venue annoncée de la Vierge à la chandelle. Lambert
ameute alors la ville à l’aurore, arrachant de leur couche, et de leurs
amours, nombre de serviteurs de l’église. Les chants à la gloire divine
fusent à gorges déployées mais ne résistent pas à l’orage soudain :
l’église s’ouvre, la Vierge apparaît, une chandelle éclatante dans sa
main. Aux yeux de tous, Marie confie la chandelle à Jean, réitérant la
consigne d’en verser quelques gouttes dans l’eau pour guérir et prémunir
les fidèles, puis elle disparaît. L’enthousiasme est tel qu’à
l’instar des figures de la fable, « A son amant, plus d’une pèlerine
/ Laisse cueillir son innocente fleur ». Chacun vient boire sa coupe
miraculeuse, s’adonnant à la fête amoureuse qui lui est alors permise.
Chant
XV :
Sanspain
enlève la Chandelle d’Arras – On la retrouve dans son grenier –
Procession de la sainte Chandelle.
Le pauvre poète Sanspain, en mal d’inspiration, trouve au temple la chandelle qu’il lui faudrait pour éclairer son « réduit voisin d’une goutière, / Où se tenait le synode des chats ». Cette disparition met la ville en émoi et l’on retrouve le voleur qui est jeté en prison. Une procession, très hétéroclite, célèbre le sauvetage de la chandelle « Sous l’étendard de la Vierge Marie ». On y trouve autant de catins que de pucelles qui font effet sous les habits des moines, autant de servantes humainement dévouées à leur saint protecteur. Des figures historiques suivent la procession : Chaumeix, Fréron, Chandos, sœur Marie à la Coque, Inigo… Enfin, on y voit Lambert flanqué des deux compagnons qui jouaient du violon. La chandelle est portée par la belle Méhaut ; « Louant le Ciel, et bénissant l’Amour, / Le carnaval au Temple est de retour » et Lambert prenant la fameuse chandelle bénit la foule.
Chant
XVI :
Fin
tragique d’Aline et de Sanspain.
« Pour varier le récit et les charmes / D’un long Poëme, il y faut des
malheurs : » l’orgueil du juge, si funeste aux anciens et aux
grands, et qui fit tant de ravages sous l’Inquisition, frappa Sanspain :
celui-ci comparut devant un tribunal. À ses juges, Sanspain se présenta poète
et prétendit non sans une innocente insolence copier la sainte Écriture en
peignant ses excès. Ses prétentions lui valurent le bûcher. Sur le chemin,
sa très belle maîtresse Aline se rue sur les gardes, leur tendant un glaive,
et demande à être tuée à la place de l’amant : elle expose en une
tirade enflammée sa seule culpabilité. L’amant, trop faible, n’aurait
volé la chandelle que par amour pour elle. Ses charmes et larmes auraient
vaincu les soldats et sauvé son amant si « un Prêtre sanguinaire, /
L’Inquisiteur, d’un regard menaçant, / Vint aux soldats inspirer sa colère : »
Sanspain est mis au bûcher. Aline se jette alors dans les flammes.
Chant
XVII :
Amours
honnêtes de Jean Tirefort – Naissance du Curé de Lambre.
Au village
de Lambre vivait un cordonnier. Le seigneur Jean Tirefort régnait en despote
au château voisin. Cependant, son épouse insatiable lui causait parfois
quelque souci : les faiblesses passagères du seigneur ne lui étaient
point pardonnées par la belle qui lui reprochait de s’épuiser auprès
d’amours illégitimes. En effet, le seigneur Jean préférait parfois
rejoindre la douce Annette, qui lui donna un fils. Jeannot fut élevé par un
Magister et un Cordelier. Il y avait alors à Lambre « deux fortes têtes » :
le greffier Pénillon et le bailli Bondon, qui obtinrent pour leur ami Jeannot
la cure du village. Séduisant, le nouveau curé fit tomber les cœurs au
point d’en compter jusqu’à quinze. Comment résister à la chair que la
nature appelle ? Mais alors que la servante Lison bénéficiait la nuit
de ses tendres penchants, notre curé fut attiré par un nouvel objet…
Chant
XVIII :
Le
Diable va trouver Javote – Le Curé Jeannot fait voir à Javote la Chandelle
d’Arras.
Après
un hymne à la virginité, le poète nous présente Javote, petit trésor
d’innocence à quatorze ans, fille de La Terreur mais demeurant chez sa
tante Barbe. Cette dernière, forte de son expérience (dès l’âge de
treize ans), veillait jalousement sur l’enfant convoitée. Trop peu dévote,
Barbe n’obtint pourtant à cet égard la bienveillance du bon Dieu : le
diable déguisé lui rend visite et lui vante la gloire de son « père,
heureux, vainqueur de Nulsifrote » et « sauveur de l’Artois »
grâce au flambeau de Marie. Javote ensommeillée est guidée vers Jeannot.
Lorsqu’elle s’éveille, Javote n’a qu’une idée : aller vers ce
prêtre qu’elle admire déjà. la jeune fille confie au prêtre subjugué
son désir de voir la sainte chandelle transmise, dit-on, par son père. Au prétexte
que Dieu punit les curieux, Jeannot lui bande les yeux mais lui promet qu’au
moins, elle sentira l’effet de la fameuse chandelle. Ce fut ainsi que Javote
fut déflorée, abusée mais heureuse au point d’en épuiser son séducteur.
« Javote enfin retrouvant la lumière, / D’un air ému regarde son Pasteur » et s’insurge de découvrir sa “chandelle” éteinte. Jeannot lui promet son éclat pour le lendemain : « Toujours brûler et ne s’éteindre pas / Est une fable : on la croit dans Arras. » Cependant si la chandelle s’éteint parfois, que l’amour, lui, puisse comme le feu d’Arras « Toujours brûler et ne s’éteindre pas ! »
Résumé d’après l’édition :
LA
/ CHANDELLE / D’ARRAS, / POËME EN XVIII CHANTS. / [filet] / ....Sunt
quædam mediocria, sunt mala plura / Quae legis : aliter non fit, Avite,
Liber. Mart. / [filet] / NOUVELLE
ÉDITION, / Précédée d’une Notice sur la Vie et les Ouvrages / de l’Auteur,
et ornée de 19 planches. / PARIS. / Egasse
Frères, rue St.-Jacques, n°. 21 ; / Et même maison, à Brest ;
/ Chaumerot, Libraire, Palais du Tribunat, / Galeries de bois,
n°. 188 ; / Delance, Imp.-Lib.,
rue des Mathurins S. J. / [filet ondulé] / 1807.
Description
[4], XII, 188 p. [19] pl. dont front. In-8°
Note
Cette édition est connue pour sa notice préparée par l’ami de Dulaurens : Marc-Ferdinand Groubentall de Linière (1739-1815).
Quatre
exemplaires de cette édition (1807) figurent à la Bnf
( Cotes :
RES-YE-3928, -29, -30 et –31, Tolbiac - Rez-de-jardin - Magasin )
Deux
exemplaires de l’édition originale (1765) figurent à la Bnf
( Cotes :
8-YE-7596 & FB-7560, Tolbiac / Rez-de-jardin / Magasin )
La
Chandelle d’Arras
numérisée (uniquement les XVIII chants éd. 1881)
est
disponible en ligne au département Gallica de la Bnf :
http ://gallica.bnf.fr/
2003-2017
© http://du.laurens.free.fr